Appel à contributions : Ouverture, productivité et croissance économique au Maroc
Appel à contributions
pour la publication d’un ouvrage collectif intitulé
pour la publication d’un ouvrage collectif intitulé
OUVERTURE, PRODUCTIVITÉ ET CROISSANCE
ÉCONOMIQUE AU MAROC
ÉCONOMIQUE AU MAROC
ARGUMENTAIRE
Le lien entre ouverture et croissance est un
domaine de recherche largement investi par la littérature économique. La
théorie de l’avantage comparatif de D. Ricardo développée au 19éme siècle et
prolongée par celle des dotations factorielles de Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS)
figurent parmi les travaux précurseurs sur les bienfaits de l’ouverture. Sur un autre registre, d’autres travaux (Balassa,
1971 ; Krueger and Bhagwati, 1978...) ont montré les limites des politiques
d’industrialisation par la substitution aux importations (ISI) poursuivies par
de nombreux pays en développement et leur incapacité à permettre à ces derniers
d’accélérer leur processus de rattrapage.
Le renouvellement tant de la théorie de la
croissance (Romer, 1986, 1990 ; Lucas, 1988 ; Barro, 1990) que de la
théorie du commerce international (Krugman, 1979…), tout en en fournissant un
cadre d’analyse plus rigoureux, a significativement nourri la littérature sur
la relation ouverture - croissance économique.
Les enseignements que cette dernière véhicule, tant sur la nature des
canaux de transmission des effets de l’ouverture que sur leurs effectivités et
importances respectives, peuvent paraître parfois ambivalents. Toutefois, il
n’en reste pas moins vrai que cette littérature est quasi-unanime quant à l’impact
positif de l’ouverture sur la croissance économique.
L'ouverture
produit un effet « taille du marché » qui, tout en atténuant la
pression de la demande, génère des externalités via le « learning by doing » (Young 1991 ; Grossman et Helpman,
1991 ; Ramos, 2001; Alesina, Spolaore , wacziarg , 2005 ;
McCann,2007; Hesse, 2008; Andraz et Rodrigues, 2010; Soukiasis et Antunes,
2011)) et permet d’approfondir le niveau d’intégration du processus de
production (Ramos, 2001; Awokuse, 2008; Andraz etRodrigues, 2010), et d’accélérer
ainsi le progrès technique et le processus de rapprochement de la frontière
technologique mondiale (Aghion et Howitt, 2009). Par ailleurs, l’ouverture
favorise les «effets de retombées» de la technologie et des transferts de
connaissances des pays et des secteurs les plus avancés vers ceux qui accusent
du retard (Romer, 1993 ; Parente et Prescott, 1994 ; Coe et Helpman, 1995 ; Sachs et Warner,
1995 ; Keller 2004 ; Kali et al., 2007, Soukiasis et Antunes, 2011).
Sur
un autre registre, l’ouverture peut également favoriser la spécialisation, en
particulier dans les biens échangeables, ce qui est de nature à favoriser une
meilleure allocation des ressources. Cette réallocation, s’ajoutant aux effets de retombée, d’externalités et de
« learring by exporting », permet d’améliorer la productivité et la
croissance économique (Awokuse, 2008; Andraz et Rodrigues, 2010; Soukiasis et
Antunes, 2011; Lorde, 2011). L’amélioration de la productivité sous l’effet de
l’ouverture peut aussi intervenir en raison de l’entrée au marché domestique de
concurrents étrangers. Ceci est de nature à améliorer la productivité de deux
manières. D’abord, la concurrence sélectionne les producteurs les plus
productifs (effet d’auto-sélection) et oblige les acteurs improductifs à quitter
le marché (Trefler, 2004). Deuxièmement, elle oblige les firmes domestiques à
innover afin d’échapper à la concurrence d’autres nouveaux concurrents
étrangers (Porter, 1990 ; Nicoletti
et Scarpetta, 2003 ; Agion et all, 2006….)
Si,
globalement, les éléments précédents soutiennent l’impact positif de
l’ouverture sur la productivité et la croissance économique, via notamment le
transfert des technologies et des connaissances et l’incitation à l’innovation,
les travaux empiriques montrent que les résultats des pays en développement,
ayant poursuivi de telles politiques, sont contrastés. En particulier, les
petites économies ont été les grandes perdantes. En effet, il est largement
reconnu que l’ouverture décourage l’innovation des firmes les plus en retard et
celle des pays les plus éloignés de la frontière technologique mondiale. Ceci
signifie-t-il qu’il faudrait d’abord lever les barrières à l’innovation avant
de s’engager dans le processus d’ouverture ?
Par
ailleurs, la littérature empirique véhicule des enseignements ambivalents voire
contrintuitifs quant à la relation entre le revenu initial et les effets
bénéfiques de l’ouverture en termes de spillovers de la connaissance et de
technologies.
En
tout état de cause, les enseignements contradictoires tant des faits stylisés
que des travaux empiriques incitent à une analyse plus raffinée de la nature et
du sens du lien entre ouverture et croissance économique. La dernière crise
internationale et la propagation rapide de ses effets, tout en rappelant le « dark
side » de l’ouverture, ont relancé le débat sur les bienfaits de
l’ouverture et confèrent au réexamen de son véritable impact sur la performance
économique un intérêt indéniable.
L’intérêt
de réexaminer ce lien se pose avec d’autant plus d’acuité dans le contexte
particulier du Maroc, qui a, depuis belle lurette, misé sur l’ouverture et
vient de consacrer son ambition pour une plus grande intégration à l’économie
mondiale par d’importantes mesures (ALECA, CFC, CEDEAO, démarrage du processus
de flexibilisation du régime de change ...) et par l’adoption des stratégies
sectorielles tournées vers l’extérieur et visant un meilleur repositionnement sur les chaînes
de valeur mondiales.
Force
est cependant de constater que l’économie marocaine ne semble pas pleinement
profiter de son ouverture grandissante et son
bilan est mitigé, à cet égard. La faiblesse des gains de productivité
est, semble t-il, à la fois la cause et la conséquence de ce bilan. Elle est la
cause parce qu’elle affecte la compétitivité de l’économie nationale. Elle est
aussi, du moins partiellement, la conséquence du positionnement peu adapté du
tissu productif national dans les chaines de valeur mondiales, qui l’empêche,
en retour, de profiter pleinement des retombées de l’ouverture, en termes de
diffusion technologique, d’apprentissage par les exportations et d’autre
externalités susceptibles améliorer la productivité tant factorielle que
globale.
C’est pour cette raison que le Laboratoire
d’Economie Appliquée (Université Mohammed V Rabat) et l’OCP Policy Center lance
cet appel à contributions pour approfondir la réflexion sur les liens existant
entre ouverture, productivité et croissance économique dans le contexte
marocain.
Sans s’y réduire, les spillovers de connaissances,
de transfert technologique et d’incitation à l’innovation tant sur le plan
global ou sectoriel sont des axes de
recherche privilégiés. Les études d’impact des chocs et vulnérabilités sont
aussi d’une importance cruciale. Il en est de même pour les analyses comparatives.
Les soumissions orientées vers d’autres
thèmes en relation avec le thème central du colloque sont également les
bienvenues. Ci-dessous, une liste non exhaustive.
Liste non exhaustive des axes
- Ouverture et productivité ;
- Ouverture, politique industrielle et industrialisation ;
- Ouverture, performances sectorielles et transformations structurelles (agriculture, manufacturing, textile, ...) ;
- Ouverture et canaux de transfert des technologies ;
- Ouverture et processus de convergence ;
- Ouverture et insertion dans les chaînes de valeur mondiales ;
- Ouverture et progrès technologique skill-biaised ;
- Ouverture et allocation des ressources vers le secteur des biens échangeables ;
- Ouverture et accumulation du capital humain ;
- Ouverture et accumulation du capital institutionnel ;
- Approches comparatives des modèles d’ouverture ;
- Exports led growth vs import led growth ;
- IDE et spillovers ;
- Ouverture, vulnérabilités et gestion des chocs.